Homélie du dimanche 7 novembre 2021

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Nous retrouvons ce matin Jésus au Temple de Jérusalem. Dans l’Evangile de Marc, le passage de ce jour fait suite, à trois versets près, à l’échange lu dimanche dernier entre Jésus et le scribe sur le plus grand des commandements. Il s’inscrit dans la controverse qui oppose Jésus et les maîtres de la religions juive. « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues et les places d’honneur dans les dîners ». Jésus leur oppose un contre-modèle : « Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie ». Le lien est bien sûr évident avec la Première Lecture, cette autre veuve de Sarepta, au royaume de Sidon, l’actuel Liban. Une pauvre étrangère, donc, qui accueille le prophète Elie en exil, et se jette aussi dans la confiance absolue en Dieu : elle joue sa vie, mettant à la disposition du prophète les dernières provisions qu’elle avait gardées pour la survie d’elle-même et son fils. Une confiance récompensée, qui permet aux trois personnages, la veuve, son fils et Elie, de traverser la famine qui ravage le pays. « Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Elie ».
L’humble confiance du pauvre, face aux manifestations de puissance ostentatoire des maîtres de la Loi.
Je ne peux pas m’empêcher en méditant ces paroles de Jésus de penser à nos évêques, réunis jusqu’à demain à Lourdes pour leur assemblée plénière d’automne. Non pas bien sûr que je les assimile aux scribes dénoncés par Jésus. Mais j’entends dans ses paroles un appel constant à la vigilance, pour les responsables de notre église comme pour chacun de nous : quand nous nous oublions dans l’autosatisfaction, la recherche des honneurs et de la gloire mondaine, nous nous écartons de l’Evangile, et nous nous exposons aux dérives et aux abus de toutes sortes. Le pape François le rappelle souvent avec force et constance, quand il met en garde contre les mondanités et le cléricalisme. Il nous exhorte à l’humilité, à quitter l’attitude de jugement et de surplomb pour plonger dans la réalité de la vie de nos frères. Soyons « une église en sortie, un hôpital de campagne ». Vous connaissez ses expressions.
A Lourdes, cette semaine, nos évêques ont pris beaucoup de temps pour réfléchir sur les suites à donner aux préconisations de la commission sur les abus sexuels. Hier, ils ont posé un geste pénitentiel et prié pour les victimes des abus. Demain devraient être annoncées des décisions concrètes importantes.
Nos évêques ont aussi pris du temps, trois demi-journées, pour écouter la clameur des pauvres, à travers le témoignage de personnes en situations de précarité, et d’associations qui les accueillent en partageant leur vie. Ce rapprochement n’est pas fortuit. Il s’inscrit dans la continuité de la grande réflexion impulsée à partir de Laudato si’ autour de l’écologie. Mais aussi dans le travail de vérité et de reconstruction indispensable après la publication du rapport Sauvé. « Tout est lié ».
Continuons à prier avec nos évêques et pour eux. Il en va de la crédibilité du témoignage évangélique de l’église qui est en France, de celui de notre communauté, et même de celui de chacun d’entre nous.
Je formule un vœu pour Margaux, qui sera baptisée dans quelques minutes : qu’elle puisse grandir dans une église renouvelée, humble et accueillante à chacune et chacun, quel que soit son chemin, et particulièrement aux plus fragiles. « Où est l’église que j’aime ? », disait ce mercredi à Lourdes l’une des victimes devant les évêques.
En ce moment, de belles occasions nous sont offertes pour prendre notre part à ce travail de réparation et de reconstruction de la confiance.
C’est d’abord le Synode sur la synodalité, ouvert par notre pape, et qui connaît actuellement sa phase diocésaine. Derrière cette formule un peu étrange se cache une idée très simple : faire synode, c’est cheminer ensemble, c’est inventer un autre fonctionnement d’Eglise. Selon l’intuition du Concile Vatican II, passer d’une église hiérarchie à une église peuple, où tous les baptisés prennent leur place. Passer du ‘’j’aide’’ ou ‘’je donne un coup de main à Monsieur le Curé’’, au ‘’je prends ma part comme baptisé coresponsable’’. Chacun selon sa vocation, ses fonctions et ses charismes, bien sûr, mais tous ensemble, dans la complémentarité des ministères, laïcs et ordonnés, et des services. On est bien loin du cléricalisme des scribes qui cherchent les honneurs et les premières places… Cléricalisme qui n’est pas limité aux seuls ministres ordonnés, d’ailleurs !
Soyons donc attentifs aux propositions qui nous seront faites pour participer à ce synode, au niveau paroissial comme au niveau diocésain.
Autre occasion privilégiée : c’est la construction de notre nouvelle paroisse de Sautron et d’Orvault. Là encore, nous avons un champ ouvert pour inventer une nouvelle façon de faire église ensemble, avec Michel, notre curé, bien sûr, avec les prêtres et les diacres qui l’assistent, avec les laïcs en mission ecclésiale, avec les conseils qui participent à l’animation de la paroisse, EAP et Conseil économique, avec toutes celles et ceux qui prennent part à l’animation des services de notre paroisse. Dans les mois qui viennent, il nous faudra élaborer un nouveau projet pastoral, réunir une assemblée paroissiale. Je vous invite là-aussi à être présents, nombreux, car la mission de l’Eglise, à Sautron et Orvault, comme dans le monde entier, ce n’est pas l’affaire seulement des quelques scribes d’aujourd’hui : c’est l’affaire de tous les baptisés, ce sera celle de Margaux, quand elle sera plus grande… si nous savons lui en donner le goût, en construisant ensemble une église humble, servante et pauvre, joyeuse et accueillante.
Comme les veuves du Temple et de Sarepta, jetons nos dernières provisions d’amour dans la jarre de farine ou le trésor du Temple, en mettant toute notre confiance dans l’Esprit Saint,
AMEN

Loïc LAINE, diacre

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