« En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples ». Nous continuons à suivre Jésus et ses disciples, pas à pas, sur les chemins de Galilée. Et il s’en passe des choses, sur ces chemins. Rappelez-vous dimanche dernier : la profession de foi de Pierre, aussitôt suivie d’une première annonce de la Passion… et d’une ferme remontrance de Jésus au même Pierre. Peu de temps après, Jésus emmène Pierre, Jacques et Jean sur la montagne, pour y être transfiguré. Et en redescendant de la montagne, il leur ordonne de ne rien raconter à personne. Ils sont pourtant accueillis par une foule nombreuse, au milieu de laquelle Jésus guérit un enfant possédé par un esprit mauvais. Mais il se méfie de ce succès populaire : il ne veut pas être pris pour un messie-magicien guérisseur, ou un messie-chef de guerre qui va marcher sur Jérusalem à la tête de ses troupes et rétablir le royaume d’Israël. C’est pourtant ce qu’espèrent les foules, et sans doute aussi une partie des disciples.
Voilà pourquoi Jésus cherche à se faire discret : « Il ne voulait pas qu’on le sache », nous dit l’Evangile de Marc. Voilà aussi pourquoi il a besoin d’enseigner ses disciples, et de leur expliquer à nouveau ce qui l’attend à Jérusalem, ce qui les attend eux aussi : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera ». Mais les disciples sont comme les foules : « ils ne comprenaient pas ces paroles ». Ils restent dans la même logique, et commencent à se répartir les postes dans le futur gouvernement d’Israël : « ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand ». On les croirait lancer dans une campagne électorale, entourant un prétendant à l’Elysée !
Mais avec Jésus, c’est le monde à l’envers : l’ordre des choses à nos vues humaines est complètement renversé. « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». On pense bien sûr au Lavement des pieds, quand le Maître et Seigneur se fait l’humble serviteur. « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».
A Capharnaüm, de retour à la maison, Jésus donne une autre exemple à ses disciples : « Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux ». Un geste qu’il faut replacer dans son contexte historique, très différent du nôtre : l’enfant ne comptait pas beaucoup dans la société de l’époque. Ce n’est pas comme aujourd’hui, quand nous plaçons Clémence, Olivia et Charles, nos trois baptisés, au centre de notre liturgie dominicale. « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille ».
Renversant, donc, le message de Jésus. Il bouscule nos habitudes humaines. Il nous oblige à choisir une nouvelle manière de vivre.
Renoncer à la convoitise, à la jalousie et aux rivalités. Vous reconnaissez les mots de St Jacques, dans la première lecture.
Choisir avec Jésus la vraie sagesse, celle « qui vient d’en haut, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits ».
Choisir avec Jésus la simplicité et l’humilité, en ne cherchant jamais les premières places ; en se plaçant toujours du côté des derniers, des exclus ; en se faisant serviteur des plus petits, des plus fragiles. Notre évêque Laurent a insisté sur cette dimension, en installant hier soir notre nouveau curé, Michel Leroy. Il a appelé Michel, et chacun et chacune de nous, à rester en tenue de service.
Choisir avec Jésus la justice et la fraternité. Pendant son voyage en Hongrie, cette semaine, le pape François nous a invités une fois de plus – je le cite – à « nous ouvrir à la rencontre avec l’autre et cultiver ensemble le rêve d’une société fraternelle ». Avant d’aller rencontrer des familles Roms, dans le plus grand ghetto de Slovaquie. François, notre pape, encore un bon exemple pour suivre Jésus, aujourd‘hui.
En présentant vos enfants au Baptême, en proclamant à nouveau notre foi dans le Credo, nous choisissons résolument de suivre Jésus sur les chemins des Galilées d’aujourd’hui. Nous choisissons ce monde aux valeurs renversées que Jésus a annoncé par toute sa vie, et inauguré par sa mort et sa résurrection.
« Le Seigneur est mon appui entre tous ».
Seigneur, envoie nous ton Esprit Saint. Lui seul peut nous aider à vivre ta sagesse nouvelle au cœur de notre monde.
AMEN
Loïc LAINE, diacre
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