En entendant ce passage d’Evangile, ou l’un de ses parallèles chez Matthieu et Luc, François, le saint d’Assise, a décidé de tout quitter. Il choisit d’épouser Dame Pauvreté, et part sur les chemins de Toscane pour annoncer Jésus. Il devient apôtre-mendiant. François d’Assise prend au pied de la lettre cet appel de Jésus, qui nous est adressé à nous aussi aujourd’hui : nous sommes ses disciples par notre baptême, et il nous envoie aussi en mission. Alors, bien sûr, la réponse de François est radicale. Rares sont celles et ceux qui aujourd’hui vont encore aussi loin. Mais, qui sait, peut-être parmi nos baptisés de ce dimanche, Eloïse, Léopold et Henri, se cache un nouveau François d’Assise ?
Alors essayons de prendre au sérieux les 3 consignes données par Jésus à ses disciples, pour voir comment nous pouvons les mettre en pratique, aujourd’hui, dans notre vie chrétienne.
« Jésus appela les Douze, et commença à les envoyer en mission deux par deux. »
C’est la première consigne, qui en fait est double : la mission est toujours réponse à un appel, et on ne part jamais seul. Une bonne règle à appliquer dans tous nos services d’Eglise. Nous ne nous attribuons pas une tâche ou une fonction : nous la recevons, toujours, pour la remplir avec des frères, en communauté. Le prêtre, le diacre, sont envoyés par leur évêque, et membres d’une équipe pastorale. Le catéchiste, l’animateur, sont appelés par leur curé et membres d’une équipe, liturgique ou pastorale. Personne n’a le monopole de l’annonce, quelques soient ses talents. Méfions-nous des francs-tireurs, ou de ces personnes au charisme si fort qu’ils rassemblent autour d’eux des troupeaux d’éblouis… La belle aventure spirituelle s’achève trop souvent en dérives sectaires. Rien de tel chez les disciples de Jésus, qui cherchent toujours à travailler ensemble. Il faudra y être attentif, l’année prochaine, quand nous continuerons à construire notre nouvelle paroisse, autour de Michel Leroy, le pasteur envoyé par notre évêque.
« Il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »
Voilà la deuxième consigne : voyagez léger, n’emportez que le strict nécessaire. Une consigne que François d’Assise a traduit dans son choix radical de la pauvreté. Bien sûr, pas évidente à mettre en pratique aujourd’hui quand on doit se loger, nourrir sa famille, avoir un peu de stabilité dans un métier. Tous les chrétiens ne sont pas appelés à devenir des vagabonds de Dieu, comme Jack Mardesic. Ce religieux franciscain d’origine australienne, a quitté son couvent de Bruxelles, pour partir sans argent et sans toit sillonner l’Europe. Il vit comme un mendiant et annonce Jésus dans les rues, au gré de ses rencontres. Une vocation bien particulière…
Plus modestement, nous devons au moins refuser de céder aux appels du dieu-argent et aux tentations de l’accumulation des biens matériels. Pour le chrétien, le bonheur n’est surtout pas dans le toujours plus : « La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu », écrit François, le pape, dans Laudato si’. Apprendre à « apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation », pour mieux habiter en frères une maison commune à sauvegarder. Une consigne à mettre en pratique aujourd’hui, dans nos vies personnelles, familiales et communautaires, pour donner du crédit au témoignage chrétien.
« Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds. »
C’est la troisième consigne pour la mission : la foi ne s’impose pas. Certains accueillent votre annonce, d’autres n’en veulent pas. A l’image de Jésus lui-même, vivons notre mission d’annonce de l’Evangile avec un grand respect de celles et ceux à qui nous nous adressons. En particulier auprès de nos proches, famille, amis, collègues de travail. Comme le prophète Amos obligé de fuir son pays, comme Jésus lui-même la semaine dernière qui ne pouvait accomplir aucun signe à Nazareth, c’est souvent dans notre entourage immédiat que nous avons le plus de difficultés à parler de Jésus. Ne nous décourageons pas, mais n’imposons rien non plus. Gardons toujours le respect infini de la liberté de nos interlocuteurs, et sachons parfois nous taire…
L’Evangile du jour s’achève sur une jolie note d’espérance : « Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir ». La mission n’est pas facile : appeler les gens à se tourner vers Dieu et à changer leurs habitudes ! Pourtant, malgré les échecs apparents, la mission porte du fruit. Ce sont les signes rapportés dans l’Evangile : les démons sont expulsés, les malades sont guéris, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.
Alors, avec saint Paul dans la seconde Lecture, gardons toujours confiance : « Dieu nous a choisis dans le Christ pour que nous soyonssaints, immaculés devant lui, dans l’amour ». Il fait de nous ses fils adoptifs.
Voilà la Bonne Nouvelle que nous allons célébrer par le baptême d’Eloïse, Léopold et Henri.
Voilà la Bonne Nouvelle que nous continuons d’annoncer : puisque Dieu fait de nous ses fils et ses filles, devenons frères et sœurs, toujours davantage. La vie sera meilleure, plus heureuse, pour tous, dans notre maison commune…
« Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent », chantait le Psaume.
AMEN
Loïc LAINE, diacre
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