Commémoration des fidèles défunts
Il nous faut regarder et pratiquer avec bienveillance ce « culte des morts », qui se manifeste dans nos cimetières en ces jours. Il s’enracine profondément dans notre humanité, pour exprimer l’attachement à un être cher disparu et l’aspiration profonde à ne pas le perdre à jamais.
Mais il nous faut aussi bien sûr évangéliser cette relation à la mort, évangéliser le sens du deuil, pour faire entrer les hommes de ce temps dans la grande et libératrice espérance Chrétienne. Nous voyons bien aujourd’hui que s’affaiblit la foi en la résurrection, par la tentation soit d’occulter cette mort qui nous dérange, soit de la provoquer, par le suicide assisté…
C’est la mission des équipes d’accompagnement des familles en deuil, sur nos paroisses, d’aider à ce travail d’évangélisation. Elles peuvent attester la richesse de ce service d’écoute, de compassion et de témoignage de la foi et de la prière chrétienne. Ce jour n’est donc pas, dans notre perspective chrétienne, un jour de deuil, mais d’espérance. Cette commémoration n’est pas tournée vers le passé, malgré la peine que peut provoquer l’absence d’un être cher. Elle nous oriente vers l’avenir qui appartient à Dieu, où tout est lumière et vie. Par conséquent, plus que d’évoquer des « morts », comme s’il y avait un ‘Royaume des morts’, l’Église nous parle de ceux qui sont «passés par la mort».
Que veut dire « passer par la mort » ? Nous savons qu’il existe une « première mort », comme dit l’Ecriture, qui est la mort corporelle, la séparation douloureuse de notre âme et de notre corps. Il existe aussi une « deuxième mort » dont parle aussi l’Ecriture, qui est la mort spirituelle, la mort de notre âme.
C’est pour nous arracher au pouvoir de la mort, conséquence du péché, que le Christ est venu dans le monde. C’est la grande victoire du Christ sur le diable : « la mort a été engloutie dans la victoire ». Laissons-nous donc porter par cette invincible espérance que nous donne la Parole de Dieu.
La préface de la messe des défunts évoque cette affirmation fondamentale : ‘pour tous ceux qui croient en toi Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée’… »
L’évangile nous rappelle qu’après la mort, nous passons par un jugement. Il ne faut pas non plus cacher cette vérité chrétienne. Nous devrons rendre compte de nos actes parce que Dieu nous a créés libres et responsables. Il existe donc deux formes de jugement : un jugement selon la stricte justice, pour ceux qui refusent de croire. Mais qui peut être trouvé juste devant Dieu ? Et un jugement selon la miséricorde, pour ceux qui mettent leur confiance en Dieu. En définitive, nous serons jugés sur l’amour, selon la très belle formule de St Jean de la croix, puisque Dieu est amour.
C’est pourquoi nous devons prier pour nos défunts. Pour ceux qui « se purifient encore », et qui ont besoin de la puissante intercession de la grande famille des enfants de Dieu, de leurs frères et sœurs encore en pèlerinage ici-bas, comme de ceux qui ont achevé leur course et qui vivent dans la pleine lumière. Jean-Paul II disait : « J’encourage les catholiques à prier avec ferveur pour les défunts, pour ceux de leurs familles et pour tous nos frères et sœurs qui sont morts, afin qu’ils entendent l’appel du Seigneur à entrer dans la plénitude de sa gloire. »
Enfin, n’oublions pas non plus de prier aussi pour nous-mêmes et nos proches, afin de demander la grâce d’une bonne mort, c’est-à dire d’une mort chrétienne. Cette demande fait partie de la prière de l’Eglise : « d’une mort imprévue, délivre-nous Seigneur » ! Nous ne devons pas souhaiter mourir subitement mais plutôt d’avoir le temps de nous préparer à mourir ‘dans le Seigneur’ : c’est une grâce qu’il nous faut demander à la Vierge Marie, maintenant et à l’heure de notre mort. Que tous nos frères et sœurs défunts pour qui et avec qui nous prions en ce jour, nous aident donc à proclamer encore : «Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle ». Et à redire avec St Paul : « Souviens-toi de Jésus-Christ ressuscité d’entre les morts. Si nous mourrons avec lui, avec lui nous vivrons ». AMEN !
Père François-Xavier Henry
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.