Ce matin, nous entendons un évangile un peu long.
Une parabole, comme Jésus en raconte souvent dans les évangiles. Les enfants, en catéchèse, vous lisez souvent des paraboles. Vous connaissez sans doute celle de la graine qui est semée dans différentes terres – au bord du chemin, dans les cailloux, dans les épines ou dans la bonne terre. Vous connaissez sans doute aussi la parabole de la brebis perdue où un berger quitte ses 99 brebis pour aller rechercher la centième qui s’est éloignée dans la montagne.
Aujourd’hui, Jésus raconte une parabole. Une parabole qui nous parle d’une vigne, entourée d’une clôture, avec un pressoir. Une parabole un peu difficile à comprendre, avec beaucoup de violence. Lorsque vient le temps de la récolte, les serviteurs du propriétaire du domaine viennent chercher le fruit de la vigne. Ils sont brutalisés, lapidés et certains mis à mort. C’est encore ce qui arrive au fils du propriétaire de la vigne. Lui aussi est tué…
Lorsque Jésus raconte une parabole, c’est pour nous dire quelque chose.
Que veut-il nous dire avec cette histoire… ? Ce matin, je retiens trois mots : vigne – ombre – pierre.
Je commence par le mot « vigne ».
L’image de la vigne est fréquemment utilisée dans l’Ecriture – dans l’Ancien Testament ou dans l’évangile. Dans la terre de Jésus, il y a de la vigne. Comme chez nous, sur les bords de Loire, au sud…
Dans l’Ancien Testament, les vignerons correspondent au peuple hébreu à qui est confié la terre promise, pour qu’ils en prennent soin. Pour nous, à l’Eglise.
A qui correspondent ces vignerons… ? Cela peut être très large – l’humanité tout entière, à qui la terre est confiée. Pour que la communauté des hommes en prenne soin ; évite le gaspillage ; fasse régner la justice et la paix. Cela peut être très concret. Notre communauté chrétienne, ce matin. Nous sommes appelés à prendre soin des autres – en particulier de ceux qui sont isolés, malades, qui ont des besoins matériels ou qui sont éprouvés par la mort de l’un des leurs.
Les vignerons correspondent encore à chacune de nos familles… où nous restons attentifs les uns aux autres.
Jésus, en parabole, avec l’image de la vigne, nous parle de l’attention à porter autour de soi pour produire de bons fruits…
Quel est mon domaine ? De qui dois-je prendre soin ? Dans ma famille, dans mon métier, dans mes engagements associatifs, civils, politiques…
Pour comprendre la parabole, il nous faut repérer un deuxième terme : « l’ombre ».
Les ténèbres mêmes, dans le cœur des vignerons… Capable de tant de violence. Vous avez entendu le récit de Matthieu : « les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième ».
La terre – notre bonne vieille terre, comme dirait le capitaine Haddock – est le domaine du Seigneur. Ce domaine, est confié à des vignerons, appelé à porter des fruits de justice et de paix. Mais ce domaine a été – et demeure encore – la proie de bien des déconvenues. Dans la première lecture, le prophète Isaïe parle d’iniquité et de cris de détresse. Dans l’évangile, les serviteurs sont frappés puis tués. En filigrane, Jésus raconte l’histoire du salut – l’histoire du cœur de l’homme… l’histoire du cœur de chacun qui veut aimer et à besoin d’être sauvé. Comme le cœur de l’homme est parfois compliqué et malade…
Aujourd’hui, nous fêtons Saint François d’Assise et le pape François est à Assise. A midi, il va offrir au monde une encyclique, un grand texte, dont le titre est « fratelli tutti » ; « tous frères » – c’est une expression de Saint François – pour appeler les vignerons que nous sommes à travailler à la vigne.
Dans ce grand texte que nous prendrons le temps de découvrir dans les prochains jours, il commence en évoquant « les ombres d’un monde fermé ». La méfiance qui grandit aujourd’hui entre les hommes ; les personnes pauvres qui sont rejetées ; les nouvelles formes d’esclavage ; le non-respect de la vie en son commencement ou en sa fin.
Des ombres, dans le monde, il y en a. Dans notre cœur, il y en a aussi … Des histoires, dans nos vies, il y en a aussi … chez les adultes, mais chez vous aussi, les enfants.
Lorsqu’il faut monter dans la voiture et que l’on se bat avec son frère ou sa sœur pour être à telle place dans la voiture…
Les enfants, nous sommes les vignerons du Seigneur ; il compte sur nous pour que nous portions de bons fruits… mais pour cela, nous avons besoin de Jésus.
Jésus est la pierre ; le roc de nos existences. C’est mon troisième mot. « Pierre ».
Dans la parabole, Jésus cite un psaume ; le psaume 117 : « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur ; la merveille devant nos yeux ».
Jésus parle de lui.
La pierre d’angle, c’est la pierre qui fait tenir toute la maison. Si on retire cette pierre, toute la maison s’écroule.
Jésus, lorsqu’il été parmi nous, a connu aussi la violence, la haine, l’injustice. Dans la parabole, lorsque le maitre du domaine envoie son fils, ce fils à son tour, est tué. Jésus parle de lui. Jésus pressent qu’il va mourir sur la croix.
Mais la mort ne va pas avoir le dernier mot.
L’ombre va être chassée par la lumière. Le troisième jour, après sa mise au tombeau, Jésus apparait ressuscité. Dans le chœur, il y a la croix et le cierge pascal. Qui évoquent la mort de Jésus sur la croix et sa résurrection.
Jésus est ressuscité. Il est vivant. Il nous fait cette promesse : « et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».
Jésus est la pierre d’angle. Il est celui qui vient fortifier notre cœur pour que nous portions de bons fruits de justice et de paix.
Jésus est la pierre d’angle. En particulier lorsque nous célébrons les sacrements. Lorsque Matthieu et Evan vont être baptisés ; ils vont entrer dans une amitié personnelle avec Jésus. Ce sera à vous, les parents, les parrains et marraines, de les éveiller à cette amitié.
A chaque fois que nous venons à la messe, nous recevons la parole de Dieu – « Louange à toi Seigneur Jésus ». Nous recevons le corps du Christ. Sa vie se déploie en nous et nous fait serviteurs. Soyons fidèles à la messe. Soyons fidèles, chaque dimanche à la parole de Jésus – « vous ferez cela en mémoire de moi ».
La vigne. L’ombre. La pierre.
Les enfants, et nous tous frères et sœurs, soyons de bons vignerons. Ayons un profond désir de produire de bons fruits, de bons raisins, pour qu’une fois pressés, ceux-ci donnent un vin merveilleux, le vin des noces de l’agneau.
Amen.
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