Homélie du Dimanche 30 Août 2020 – I have a dream

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30 Août 2020 : « I have a dream » pour la paroisse de Sautron.

« I have a dream »  . C’est le fameux rêve que Martin Luther King prononçait le 28 août 1963 concernant l’égalité des droits civiques des Noirs et des Blancs… Rassurez-vous, je n’ai évidemment pas l’intention de me prendre pour ce grand homme, et le sujet dont je vais vous entretenir n’a pas la même ampleur. Mais je voudrais tout de même, au moment où je m’apprête à vous quitter, au terme de cette année particulière à bien des égards, vous exprimer le rêve que je porte pour la paroisse de Sautron. Un rêve, ça n’est pas rien. Comme le définit la célèbre navigatrice Isabelle Autissier : « l’intérêt d’un rêve, c’est qu’il vous emmène sur un chemin. Qu’il vous pousse à apprendre des choses, à sortir d’un milieu pour aller vers un autre, à vous mettre en déséquilibre ». Je me retrouve tout à fait dans cette définition. Au fond, le rêve, c’est ce qui fait avancer.

Eh bien, « Il have a dream », d’une paroisse qui porterait le nom de « Bon Berger de la vallée du Cens ». Bon, comme Bon-Garant , chapelle bien connue, lieu de pèlerinage breton sur la commune de Sautron, Ber, comme Bernadette, et  Ger, comme Léger, noms des deux églises d’Orvault,  vallée du Cens,  puisque, pour parler comme st François d’Assise, Dame Nature a daigné faire ce beau cadeau à nos deux communes, en les faisant traverser par ce petit cours d’eau avec  sa jolie vallée.

Une paroisse sous le patronage de 5 saints illustres : Notre-Dame, quoi de mieux, st Philippe et st Jacques, apôtres et martyrs, Ste Bernadette, jeune bergère pauvre, à laquelle la Vierge Marie rend visite 18 fois, et finit par lui révéler son nom : « Immaculée Conception », st Léger, évêque et martyr. Une paroisse sous la protection de ce beau panel, comme chemin de sainteté.

« I have a dream » d’une paroisse où fidèles-laïcs, diacres, prêtres, tous configurés au Christ  par leur baptême, et donc investis dans sa triple mission de prêtre (pour offrir à Dieu la vie du monde), prophète (pour annoncer sa Parole), et roi (pour faire advenir ce monde d’amour voulu par Dieu),  une paroisse où toutes et tous  travailleraient en pleine communion, sans considérations partisanes, sans esprit de concurrence et d’autosuffisance, sans recherche de pouvoir, sans volonté de répartir arbitrairement les tâches, mais en permettant à tous les charismes de se développer, pour être mieux au service de l’évangélisation de la population.

Il n’est pas bon en effet de réduire la vocation des fidèles-laïcs aux domaines de la gestion et du temporel. Il n’est pas bon, non plus, de restreindre le diacre à sa seule dimension de service des plus pauvres. De même, il n’est pas bon de cantonner le prêtre dans sa dimension cultuelle, notamment à la présidence de l’Eucharistie, au point d’en faire une sorte de « druide ». Car si l’Eucharistie est la source, le sommet et le point de départ de toute vie chrétienne, la réduire à sa seule célébration, c’est en faire un « en-soi », déconnecté de toute l’action apostolique auprès des êtres humains qui eux aussi sont invités à communier à la vie divine et à devenir « Eucharistie » dans l’action de grâce. Le prêtre, de par son ordination reçoit la triple charge de sanctification du peuple de Dieu (notamment par le don des sacrements), d’enseignement de la Parole et du mystère du salut, et de Gouvernement, ce mot fait toujours un peu peur, mais c’est  au nom du Christ-Tête qui s’est fait Serviteur, ce qui veut dire que le prêtre ne doit pas exercer son ministère comme un chef mais dans un esprit de service avec les fidèles-laïcs.

« Il have a dream » d’une paroisse où les grandes dimensions de la vie de l’Eglise seraient portées ensemble, en équipe, quels que soient les lieux d’habitation des acteurs de cette pastorale. Par exemple, on gagnerait :

+  à mutualiser les savoir-faire pour les jeunes familles qui demandent le baptême de leur tout-petit, ainsi pour la catéchèse et la préparation des sacrements, le baptême et la première des communions, pour les enfants d’âge scolaire, sans vouloir, bien sûr, tout centraliser sur un même lieu.

+ à mettre en place une même équipe de formateurs qui permettrait d’élargir l’éventail des propositions et mettre à profit les compétences diverses quant à l’étude de la Bible, la découverte des lettres de saint Paul, ou l’unité des chrétiens.

+ à constituer un lieu de rencontre pour tous les adultes en demande de Baptême ou de Confirmation au sein d’une même équipe de chrétiens formés, ce qui éviterait, entre autre, aux Catéchumènes l’impression d’être pris pour des cibles.

+ à réunir sur Sautron et ste Bernadette-st Léger, un même pôle solidarité, où on réfléchirait aux situations concrètes pour adapter des propositions aux personnes concernées au plus près de leur lieu de vie.

+ on gagnerait aussi à proposer dans les quartiers, des « cellules » que le Père James, ancien évêque de Nantes, appelait « équipes fraternelles » : lieu de partage d’amitié, de soutien, de foi.  

Un rêve tout cela ?   Pas tant que ça ! car il y a un chemin ouvert et des choses communes qui sont déjà réalisées :

+ par exemple : en ce qui concerne les jeunes.  J’ai parfois entendu qu’à Sautron, il n’y en  avait plus, qu’ils allaient ailleurs. En fait, je serais tenté de penser  qu’ils sont plutôt nulle part. Les nouvelles générations ne se retrouvent plus dans les rassemblements dominicaux. Ce qu’ils attendent, c’est de se retrouver dans des lieux où ils sont entre eux, pour vivre des moments adaptés à leur culture et à leurs besoins : et ça existe dans les aumôneries, où on leur propose des moments festifs, et des démarches comme la « profession de foi » ou la     « confirmation ». Quand ils sont plusieurs, ils s’encouragent entre eux et font ensemble un bout de chemin . En plus, la pasto-jeunes du diocèse (dont une paroissienne de Sautron, Anne-Marie est responsable), organise des séjours à Taizé, ou dans les abbayes. Et ils en redemandent. Si les jeunes sont isolés dans leur paroisse, ils ne bougeront pas. C’est en leur proposant de se réunir que des choses deviennent possible.

+   il existe aussi sur 3 paroisses de la zone Est : Sautron, ste-Bernadette-ste Catherine du Petit Port, une belle équipe d’animateurs pour la préparation au mariage . Pour avoir travaillé avec elle cette année, je peux vous dire qu’elle représente un bel atout pour tous ces jeunes couples qui apprécient d’être accompagnés avec bienveillance et respect.

+ sur le plan de la solidarité, de belles initiatives ont été réalisées sur nos deux paroisses cette année, vis-à-vis des personnes « Sans-Domicile Fixe » ou des familles en difficulté financière à cause notamment de la pandémie.

+ pour ce qui est des finances, les deux paroisses sont au GSP (groupement Solidaire des paroisses), et donc déjà engagées dans une dynamique de partage et de répartition équitable.

Mes amis, dans un avenir proche, vous, chrétiennes et chrétiens de Sautron avec celles et  ceux de ste Bernadette-St Léger aurez à faire face à des changements. Il ne faut pas avoir peur des changements. Tout au long de son histoire, l’Eglise n’a eu de cesse de s’adapter aux situations concrètes. Il y a 18 ans, lorsque le Père Soubrier, alors évêque de Nantes, a remodelé les paroisses pour mutualiser les forces vives qui commençaient à s’essouffler, cela a crée un grand bouleversement. Mais en fait, même s’il faut du temps, même si l’unité des nouvelles paroisses n’est jamais totalement réalisée et qu’elle est toujours en train de se faire, cette opération  a été très bénéfique pour tout le diocèse.

Alors bien sûr, vous n’êtes pas obligés de me croire ! A ce sujet, J’ai envie d’utiliser la réplique de ste Bernadette au préfet qui la prenait de haut : « je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire ». Moi, je ne suis même pas chargé de vous dire tout cela. Si je l’ai fait, c’est au nom de ma modeste  expérience  de 23 ans comme curé, mais aussi parce que je pense que vous avez le droit de connaître ce que je retire de ma présence parmi vous cette année.

Alors, oui, c’est vrai, je serais heureux que vous partagiez mon rêve. J’aurais même le toupet de conclure par le mot « Amen », parce qu’il veut dire en fait : « qu’il en soit ainsi ».

Oui, mes amis, « I have this dream », pour cette paroisse, qu’il en soit ainsi. Je prie pour que l’Esprit-Saint vous accompagne dans ce passage sur l’autre rive.

Quant à moi, je serai la semaine prochaine sur la paroisse ste Marie de Doulon : 40.000 habitants, avec des quartiers bien différents : ancien (Toutes-Aides, gare Sud), en pleine rénovation : Malakoff, tout frais sortis des anciennes tenues maraîchères : La chesnaie , des quartiers populaires avec la présence importante de familles d’origine étrangère. Je travaillerai avec une équipe pastorale constituée d’un prêtre (le curé) : seul prêtre permanent, 2 laïcs en Mission Ecclésiale pour la catéchèse des enfants, et les jeunes, ayant en charge aussi la paroisse voisine : st Matthieu sur Loire, une autre LEME chargée de l’Eveil à   la Foi et des jeunes familles, et un diacre.

 Je rejoindrai aussi, comme aumônier diocésain, le CCFD Terre Solidaire. Dans ce domaine, on est aux dimensions du monde, travaillant modestement, mais efficacement avec des partenaires des pays en développement.

Et puis, pour la 4ème année, j’accompagnerai La Mission St Clair qui a pour but de soutenir les LEME dans leur mission. 

Voyez, ça ne sera pas forcément la retraite au sens où je n’aurai rien à faire. Arrivé à 75 ans, je n’aurai plus la charge d’une paroisse, mais ça n’est pas pour autant que je resterai les deux pieds dans le même sabot. Ca, d’ailleurs, je ne le pourrais pas !

Je pars enrichi de tout ce que vous m’avez apporté cette année, heureux d’avoir fait de nouveaux amis, d’avoir rencontré de belles personnes, généreuses et données aux autres.  Priez pour moi, moi aussi, je ne vous oublierai pas dans ma prière. Merci à Joël et l’équipe d’animation paroissiale,  merci aux membres du Conseil pour les Affaires Paroissiales, merci à Renée , la maîtresse de la maison paroissiale, merci à vous toutes et tous de votre confiance et de votre générosité,   et pardon d’avoir été si long dans mon discours !

                                                                                                          Jean-Yves Lecamp.

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