Homélie du 15 août 2020

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Solennité de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie

Pèlerinage de Notre-Dame de Bongarant – Sautron

Samedi 15 août 2020

Célébration Eucharistique

Ap. 11, 9a ; 12, 1-6a/ 10ab  /  Ps 44 /  I Co 15, 20-27 a /  Lc 1, 39-56

Lorsque Elisabeth accueille Marie elle s’écrie « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Ce qui rend Marie « heureuse », c’est que dans son humilité et sa pauvreté « elle a cru. »

Marie n’était pas issue de l’une des grandes familles juives de ce temps. Joachim et Anne ne devaient guère être connus au-delà de leur voisinage. Les évangiles ne nous disent pas quelle école Marie avait fréquentée. Nous savons simplement que chaque sabbat elle se rendait bien à la synagogue avec ses parents et désirait appartenir entièrement au Seigneur. Mais c’est bien dans sa pauvreté et son humilité qu’elle reçut l’annonce de l’ange Gabriel et qu’elle a cru dans ce que le Seigneur lui annonçait. Dès son ‘oui’, dès le premier instant de son acceptation, dans son corps s’est incarné le Verbe de Dieu, la ‘Parole’ éternelle. Dès son premier élan de don et d’abandon total entre les mains de Dieu elle nous donnait la source d’eau vive. Elle donnait au monde ce grand témoignage que pour accomplir « des merveilles », pour faire jaillir les sources qui abreuvent réellement le monde, Dieu se sert de nos pauvretés quand nous nous rendons totalement disponibles à l’œuvre qu’il veut accomplir. Au jour de l’Annonciation, mettant sa pauvreté à la disposition de son Seigneur, elle a permis que quelques trente ans plus tard, du côté transpercé du Christ jaillissent les sources qui donnerait pour toujours la Vie au monde.

De la pauvreté offerte jaillit toujours la vie !  A cette source de vie, depuis 20 siècles, le peuple de Dieu vient s’abreuver. A cette source de vie nous puisons, nous-mêmes, chaque jour. Nous y puisons abondamment ce soir.

En ce grand jour où nous fêtons Marie dans le mystère de son Assomption dans la Gloire de Dieu, rendons grâce pour le don de cette source de vie et de miséricorde qu’est le Christ et entendons la Vierge nous inviter à nous laisser inonder par cette source vivifiante et miséricordieuse.

Mais que contient cette source vivifiante et miséricordieuse ? Le contenu profond de cette source nous le trouvons dans le grand chant d’action de grâce que Marie laissa monter vers le Seigneur le jour où elle arriva chez sa cousine Elisabeth. Le contenu de cette source vivifiante et miséricordieuse se trouve décrit dans les versets que nous prions chaque jour avec le Magnificat : « Le Puissant fit pour moi des merveilles …  Sa miséricorde s’étend d’âge en âge … Il renverse les puissants … il élève les humbles … il comble de biens les affamés … »  Il n’y a pas de plus beau cantique qui mettent en valeur cette réalité que l’œuvre de Dieu s’accomplit quand il trouve en nous, comme il le trouva en Marie, un cœur pauvre et humble, loin de la recherche de la gloire, loin des œuvres de puissance.  Marie laissa jaillir cette exaltation de la pauvreté en entrant chez sa cousine Elisabeth. Ce soir, alors que nous vivons notre pèlerinage à Notre-Dame de Bon Garant, avec Marie nous pouvons reprendre ce cantique à notre compte. Faisons-le quelques instants ensemble.

« Le Puissant fit pour moi des merveilles »

La grande merveille que Dieu fit en Marie c’est d’en faire la mère de son Fils, c’est de lui permettre d’accueillir en elle Celui qui allait apporter le Salut au monde ; Celui qui allait se montrer le plus miséricordieux des hommes même à l’égard de ses bourreaux ; Celui qui allait ouvrir devant nous, et pour toutes les générations tout au long des siècles, les portes de la miséricorde.

Ce soir, en cette grande fête de l’Assomption, au cœur de ce pèlerinage que tant de nos ancêtres ont vécu en ce lieu, comme il est important pour chacun de nous de contempler les merveilles que Dieu a accomplies dans nos vies. Pour chacun de nous ne s’est-il pas montré le ‘Dieu plein de tendresse et de miséricorde’. Il nous a donné cette grande richesse qu’est la Vie ; il nous a donné cette autre richesse si précieuse qu’est la Foi ; il nous a permis de construire notre vie sur des valeurs solides, celles de l’Evangile : valeurs de justice et de paix, d’amour et de pardon, de fraternité et de respect des autres. Il nous a offert cette merveille de le connaître, de l’aimer, de pouvoir venir nous ressourcer en Lui pour recevoir sa Vie et son Pardon. Oui, avec Marie nous pouvons dire : « Le Seigneur a fait pour moi des merveilles, saint est son nom ! »  Je vous invite ce soir, par l’intermédiaire de Marie, à ‘rendre grâce’ au Seigneur pour les merveilles dont il nous a tous comblés, chacun de nous, personnellement.     

« Sa miséricorde s’étend d’âge en âge. »

Déjà, dans son chant d’action de grâce Marie chantait la miséricorde de Dieu. Même jeune elle connaissait suffisamment l’histoire de son peuple Israël pour savoir que souvent ce peuple s’était éloigné de son Seigneur. Sans cesse le Seigneur lui avait pardonné ; avait déployé largement sa miséricorde.

Cette grande miséricorde, Dieu n’a jamais cessé de la déployer largement. Aujourd’hui il la déploie encore pour notre monde qui en a tellement besoin tout particulièrement dans cette période difficile que nous vivons qu’est ce temps de pandémie. Les ravages, avec toutes les conséquences qui en découlent et qui bouleversent nos modes de vie, n’ont pas fini de sévir. Toutes nos relations quotidiennes, nos économies, nos situations professionnelles sont perturbées.

Dans son ‘Magnificat’ Marie chantait : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge … Il renverse les puissants … il élève les humbles … comble de biens les affamés … »  N’est-ce pas ce que Dieu désire accomplir encore aujourd’hui en notre monde perturbé où nos tendances égoïstes pourraient prévaloir sur la recherche du bien commun. Tous les temps ont eut besoin de la ‘miséricorde de Dieu’ et notre temps en a particulièrement besoin. Notre Eglise aussi aujourd’hui en a particulièrement besoin. Il nous faut, à la suite du Christ, comme Marie le chantait dans le ‘Magnificat’, nous faire un cœur miséricordieux. Seule l’attention à chacun triomphera de ne nos égoïsmes ; seul l’amour triomphera de la haine ; seul le pardon sera chemin de vie. Marie, au pied de la croix, n’a pas proféré d’injures ou de menaces, elle a reçu dans ses bras le corps crucifié de son fils et elle s’est offerte, avec son fils, pour le salut du monde. 

Frères et sœurs, ce soir, en cette grande fête, que chacun de nous entende ce grand appel que, par l’intermédiaire de Notre Dame, le Seigneur nous adresse : Comment, toi-même, chaque jour, dans toutes tes relations quotidiennes, en famille, dans le voisinage, dans le travail, la profession, les engagements divers, comme dans tes jugements sur les évènements de notre monde, tout particulièrement ceux que nous marquent actuellement …  oui, comment vis-tu le souci des autres, le détachement de toi-même, l’esprit de pauvreté, le souci du partage … tout cela tel que l’évangile nous le propose ?

Demandons cette grande grâce par l’intercession de Marie, Notre-Dame de Bon Garant.  Adressons-lui cette belle prière : Marie, donne-nous un cœur attentif à chacun !

Soyons assurés que Marie nous entend et nous exauce en ce jour.

Qu’elle nous prenne tous ce soir sous son grand manteau protecteur comme le montre la statue honorée en ce lieu !

Qu’elle soit pour chacun de nous la Vierge ‘Bon Garant’ de notre marche à la suite du Christ sur les chemins de l’Evangile !      

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