Homélie Dimanche 31 mai 2020 – Fête de la Pentecôte

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Si nous ne croyions que ce que nous voyons, nous ne connaîtrions pas grand-chose de la vie, car il faut bien admettre que la plus grande part de la réalité du monde nous échappe. J’aurais même envie de dire que ce qui est le plus important, c’est ce qui ne se voit pas, ce qui se passe au fond du cœur de chaque être humain.  En tous les cas, ce que nous sommes en train de vivre en cette période de déconfinement dû à la pandémie du Coronavirus, nous dispose tout à fait à en prendre conscience.  Même les médecins, les chercheurs, sont encore en train d’essayer de cerner les effets de cette maladie et surtout d’en trouver un vaccin. Pourtant, nous ne mettons pas systématiquement en doute ce que nous ne percevons pas. C’est vrai de la réalité terrestre, matérielle, à plus forte raison de la réalité spirituelle, qui par définition n’est pas palpable mais non virtuelle pour autant.

Eh bien, la fête de la Pentecôte nous transpose au niveau de cette réalité non descriptible et pourtant bien présente.  Dieu, comme l’écrit saint Jean, personne ne l’a jamais vu, mais il agit par son Esprit. L’Esprit, on ne sait pas d’où il vient, ni où il va. Il est comme le vent : on en voit ses effets : les arbres qui remuent, l’air qui circule, qui fait respirer, les tornades aux effets dévastateurs, mais on ne sait pas vraiment d’où il vient, ni où il va.

Le récit de la fête de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres nous fait découvrir une dimension absolument inimaginable pour les simples humains que nous sommes. La liste des nations présentes à Jérusalem ce jour-là dresse un véritable atlas : « Il y a des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel ». Or chacun « entend dans sa langue maternelle, les merveilles de Dieu ». Nous ne savons pas de quelle nature a été réellement ce phénomène, en fait, ce n’est pas cela le plus important, car ce récit n’a pas pour but de donner aux lecteurs une information exhaustive, mais une signification porteuse d’une lumière essentielle pour la vie de l’Eglise. 

En effet, le message transmis par les Actes des Apôtres est unique. L’Esprit-Saint est donné pour construire l’unité des hommes dans l’infini respect des diversités. Il ne s’agit  pas d’un nivellement uniforme.  Dieu ne vient pas pour détruire les caractéristiques propres à la multitude des êtres humains. Il leur donne au contraire de devenir, chacun dans sa particularité, des êtres animés par le même Esprit.

C’est donc faire fausse route que de rêver une unité de l’Eglise qui soit uniformité. Paul n’était pas encore un converti lorsque l’Esprit est descendu sur les Douze et sur le groupe qui les entourait. Et pourtant, il sait très bien décrire les fruits de cet Esprit qui, seul, permet de confesser Jésus comme Seigneur. Personne mieux que lui n’a su décrire le rôle essentiel de l’Esprit-Saint dans la communauté. C’est l’Esprit qui suscite la diversité des charismes – ces « dons de la grâce », comme il les nomme dans l’extrait de sa 1ère lettre aux Corinthiens que nous venons d’entendre. « Les services, les activités sont variées, écrit-il, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous, en vue du bien ». Et c’est encore son Esprit qui contribue à l’unité de la communauté. « Tous les baptisés ont été « désaltérés par un unique Esprit ».

Dans la première lecture de ce jour, il est question d’un « bruit qui survient du ciel comme un violent coup de vent »  , et de l’apparition «  de langues qu’on aurait dites de feu » qui se posèrent sur chacun des apôtres. Dans le passage d’évangile, saint Jean nous décrit une tout autre atmosphère, une mini ou un pré-Pentecôte, plus intime : c’était après la mort de Jésus, le premier jour de la semaine, les apôtres se trouvaient dans un lieu où les portes étaient verrouillées par crainte des Juifs. Jésus vient les rejoindre pour leur souhaiter sa paix. Dès lors, les disciples sont remplis de joie. Mais le Ressuscité n’est pas venu seulement pour les pacifier. A l’image du Créateur qui a donné vie à Adam par son souffle, il souffle sur eux et leur fait don de « l’Esprit-Saint » avec mission de retenir ou de maintenir « les péchés »

La mission des apôtres est maintenant de porter l’Alliance de Dieu avec l’humanité qui se définit par le don de la paix. Ils sont désormais en mesure de vivre la réconciliation établie par l’offrande de la vie de leur Maître. Cette paix, ce n’est pas seulement l’absence de guerre, c’est une démarche encore plus exigeante, intérieure, qui s’appelle conversion.

Cette Pentecôte est aussi celle de tous les baptisés-confirmés que nous sommes.  Toutes et tous, nous recevons la mission de témoigner de cette paix que le Christ est venu apporter. Que l’Esprit-Saint nous rende forts pour témoigner de la présence du Christ ressuscité là où nous vivons, dans ce monde marqué par de grandes générosités, malheureusement  souvent neutralisées par de grands égoïsmes.

Amen.   

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