Homélie du Jour de Pâques 12 avril 2020

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Chers paroissiens,

La situation que nous vivons actuellement, provoquée par cette pandémie du Coronavirus, nous expose à toute une série d’incertitudes qui contribuent à nous rendre inquiets, voire anxieux. Pour vivre sereinement, nous avons besoin de nous appuyer sur des faits observables et vérifiables par un plus grand nombre.

Or, aujourd’hui, les questions sont tellement nombreuses que nous faisons face tant bien que mal aux dernières informations du moment. Nous sommes mis en demeure de faire confiance :

– Confiance dans les soignants et les chercheurs,
– Confiance dans les dirigeants qui prennent des décisions politiques
– Confiance les uns dans les autres en espérant que tous respectent les gestes repères conseillés pour éviter la propagation du virus.

Bien que ce soit dans un tout autre domaine, la question de notre avenir au-delà de la mort nous met dans les mêmes dispositions par rapport à ce qui nous attend dans l’éternité. Nous n’avons aucune certitude puisqu’aucun témoin n’est revenu nous dire ce qu’il se passait dans l’au-delà. Au sujet de la résurrection du Christ, là encore, nous n’avons aucune prise. Nous sommes tout autant privés de certitude. Saint Jean, dans son Evangile, nous raconte ce qu’il a vu au tombeau : les linges posés à plat, le suaire non posé avec les linges mais roulé à part, à sa place. Tous ces détails sont là, sans doute pour montrer que ce qui s’est passé cette nuit-là, ne s’est pas fait dans la précipitation. Tout y est sauf l’essentiel : le corps de Jésus. Jean voit tout cela et il écrit :

« Il vit et il crut ».

Singulier récit où le disciple croit en ne voyant rien ! Le tombeau est vide et c’est ce rien qui provoque sa foi.
Marie Madeleine, Pierre, aussi, constatent que le tombeau est vide et c’est là que s’enracine leur espérance, et la nôtre également car désormais, il s’agit de croire sans voir. Jésus n’est plus présent physiquement, il est présent dans l’absence. N’est-ce pas folie que de croire ainsi avant toute preuve ? Personne n’a vu Jésus en train de ressusciter. La plus grande des nouvelles « Celui qui est mort est vivant » se lit dans l’absence, le vide du tombeau, le silence d’une foi qui ne se paie pas de mot. Une fois encore, Dieu n’est pas dans la puissance ni dans les signes éclatants.

Non, décidément, il est inutile de chercher refuge dans des certitudes ; tout est question de foi, de confiance et que serions-nous si nous n’avions pas fait confiance à ceux qui nous ont donné la vie, qui nous ont permis de grandir, qui nous ont communiqué leur expérience et qui nous ont, à leur tour, fait confiance.

Tout repose sur la confiance ; nous ne serions pas des vivants si nous n’avions pas fait confiance et que serait l’être humain sans la confiance car la confiance c’est ce qui fait avancer, à tâtons certes, mais assurer de l’appui des autres.

L’histoire du peuple de Dieu que les textes de la Veillée Pascale nous font redécouvrir, n’est ni plus ni moins qu’une histoire de confiance dans une promesse.

Abraham, notre aîné dans la foi, partit sans savoir où il allait, s’appuyant sur la seule promesse de Dieu de faire de lui le père d’une grande nation alors qu’il n’avait ni enfant, ni peuple.

Moïse, David, le prophète Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et les autres, tous ces témoins de la Bible ont été des hommes qui ont tout misé sur la promesse du Dieu de l’Alliance.

En Jésus Christ, la promesse de Dieu s’est faite chair. En sa personne, il a tout récapitulé ; sa résurrection provoque un véritable tsunami et un grand ébranlement tant dans le monde que dans la personne humaine.

Tout bascule par cet évènement unique de l’histoire de l’humanité : un homme est vainqueur de la mort parce que, en tout, il a fait la volonté du Père, parce que, en tout, il est demeuré fidèlement uni au Père par une intime communion.

Jésus a détruit la mort ; il est pour toujours vivant en son corps humain, plus fort que la mort. Grâce à la résurrection du Christ, l’horizon s’ouvre ; dans le mur de la mort qui barrait l’horizon de la vie humaine, apparaît un passage qui a forme de croix. C’est ainsi que nous sommes unis à Jésus crucifié pour vivre, dès maintenant, dans la puissance de sa résurrection. « Par le baptême, dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec Lui, pour que nous menions une vie nouvelle et nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » écrit St Paul.

Alors, la question, en cette fête de Pâques si particulière, est celle-ci : la Résurrection, j’y crois ou je n’y crois pas ….

La Résurrection du Christ, cela n’est pas un évènement du passé qui concerne quelqu’un en particulier ; c’est une dynamique qui continue à se déployer à travers l’action des humains d’aujourd’hui et qui prendra toute sa dimension à la fin des temps.

Ainsi, nous ne sommes plus errants entre un passé mort et notre mort future devant un présent insaisissable. Nous sommes face à un avenir infini parce que le Christ notre Pâque, a passé là, et a ouvert le chemin.

Mes amis, portons-nous les uns les autres dans cette espérance et que le Christ ressuscité nous aide ainsi que tous ceux que nous aimons et tous les habitants de la terre, à traverser cette épreuve et à resurgir plus vivant sans oublier de tirer les leçons de ce qui nous arrive aujourd’hui.

BONNE FETE DE PAQUES !

Jean Yves Lecamp

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