Compte tenu de la période actuelle, nous vous proposons de retrouver chaque samedi, sur le site de la Paroisse, l’Homélie du Dimanche préparée par nos Prêtres et Diacre.
Fraternellement
« Viens dehors ! »
« Viens dehors ! » Il résonne comme une provocation, cet ordre lancé par Jésus à Lazare, quand depuis deux semaines, et pour quelques semaines encore, on nous ordonne au contraire « Restez chez vous ! ». Comment donc recevoir cette injonction en pleine période de confinement ? Ou encore le cri du prophète Ezékiel « Je vais ouvrir vos tombeaux », quand l’actualité égrène chaque soir le nombre de personnes décédées du covid 19, dans notre pays et dans le monde ?
D’abord comme un cri d’espérance : « Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ». « Ton frère ressuscitera ». Oui, il y aura bien une vie après cette période difficile. Ne perdons pas espoir, même si nous sommes éprouvés et déroutés par ce qui arrive. Nous avons fêté l’annonciation, cette semaine. Pensons à la réaction de Marie, toute bouleversée par les paroles de l’ange : « Comment cela va-t-il se faire ? » (Lc 1, 34). Comme elle, mettons toute notre confiance dans notre Dieu… N’oublions pas qu’au bout du temps de quarantaine, de ce Carême si particulier cette année, brille déjà la lumière du matin de Pâques.
Ensuite, comme un appel à l’action : « Je vous ferai remonter, ô mon peuple. » « Déliez-le, et laissez-le aller. » . « La crise sanitaire que nous traversons ne doit pas nous conduire à un repli sur nous-mêmes », écrivait François Renaud, qui administre notre diocèse, dans son message pour continuer à célébrer notre foi au temps de l’épidémie Que ce temps de confinement soit donc pour nous l’occasion de continuer à vivre un Carême solidaire. Il y a bien des manières de vivre la solidarité, même en ce moment, selon notre âge, notre état de santé, notre situation familiale et professionnelle : faire un signe d’amitié à une personne isolée, par téléphone ou par internet ; faire des courses ou rendre service à un voisin, une personne fragile, âgée, qui ne peut pas sortir de chez elle ; soutenir un agriculteur proche qui ne peut plus écouler ses produits sur le marché ; encourager les soignants soumis à si rude épreuve ; participer au soutien aux populations les plus vulnérables (migrants, sans domiciles fixes…), dont les conditions de confinement sont particulièrement difficiles et qui ont vu souvent se fermer les portes des lieux d’accueil habituels, faute de bénévoles disponibles ; soutenir financièrement les associations qui nous sollicitent pour leurs actions de solidarité face à l’épidémie. N’oublions pas que ce 5e dimanche de Carême est normalement celui prévu pour la collecte du CCFD-Terre Solidaire : il est possible de soutenir à distance son action, par un geste de partage en ligne. Et puis, tout simplement aussi aider ses enfants dans leur travail scolaire à la maison, soutenir son conjoint qui continue à travailler, à domicile en télétravail, parce qu’il est soignant, ou qu’il exerce un métier indispensable pour que notre vie, même confinée, puisse continuer. Soutenir aussi ses enfants qui auront peut-être des fins de mois difficiles, car leurs ressources vont diminuer, faute de pouvoir continuer à travailler… Et respectons bien sûr toutes les précautions sanitaires, ces fameux gestes barrière, pour ne pas contribuer à répandre le virus. C’est la première des solidarités !
Encore, comme une invitation à la rencontre. « Vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous ». Prenons ce temps de confinement comme un temps de retraite. Ne nous laissons pas dévorer par le télétravail ou les écrans divers : profitons-en au contraire pour prendre le temps de la rencontre avec Jésus. Et comme nous devons jeûner du rassemblement communautaire et des sacrements, prenons le temps de lire la Bible, de méditer les textes de la messe du jour, de fréquenter la liturgie des Heures, de retrouver le goût du silence et de la prière. Et comme nous sommes coincés dans nos maisons, pourquoi ne pas prier ensemble, quand c’est possible, en couple, en famille, avec des mots et des gestes simples : dire un Notre Père, un Je vous salue Marie, une dizaine sur le chapelet, bénir la table avant le repas, et rendre grâce après… dans le respect des âges, des rythmes, des sensibilités, et surtout de la liberté de chacun ! Bien des propositions circulent pour nous associer à des démarches de prière au temps du coronavirus. Nous avons le choix, quelle que soit notre manière de prier. Dans une homélie cette semaine, le pape François nous invitait, en cette période où tous nos repères religieux sont bouleversés, à continuer à prier avec foi, persévérance et… courage ! « Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière ! »
Enfin, comme une exhortation à la conversion. « Je vous ramènerai sur la terre d’Israël, et vous vivrez » (Ez 37, 14). Le pape François, dans sa bénédiction exceptionnelle Urbi & Orbi, ce vendredi soir à Rome, nous a tous invités « à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix. Ce n’est pas le temps (du) Jugement », a-t-il insisté, « mais celui de notre jugement : le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas ». Une invitation qui rejoint l’appel des évêques de France pour l’Annonciation : « Depuis bien des années déjà notre humanité a l’intuition qu’elle doit changer radicalement sa manière de vivre. La crise écologique nous le rappelle sans cesse, mais la détermination a fait largement défaut jusqu’ici pour prendre ensemble les décisions qui s’imposent et pour s’y tenir. Osons le dire, l’égoïsme, l’individualisme, la recherche du profit, le consumérisme outrancier mettent à mal notre solidarité. Nous avons le droit d’espérer que ce que nous vivons en ce moment convaincra le plus grand nombre, qu’il ne faut plus différer les changements qui s’imposent : alors, ce drame porteur d’angoisse n’aura pas été traversé en vain ». Je n’oublie pas notre chemin de Carême avec le CCFD-Terre Solidaire, qui nous appelle aujourd’hui à sortir de nos tombeaux pour que vienne le temps des solutions.
Avec le pape François, écoutons encore plus attentivement, en ce temps de pandémie, la clameur de la Terre et la clameur des pauvres, de tous ceux qui souffrent. Avec le confinement, nous sommes contraints à accepter des limites à nos déplacements, à nos habitudes de consommation, de loisirs. Quand viendra la fin du confinement, quand le virus s’éloignera, quand nous pourrons sortir à nouveau, ne reprenons pas trop vite nos mauvaises habitudes. « Enlevez la pierre », la pierre qui tient nos cœurs fermés et nos oreilles sourdes. Prenons enfin au sérieux les appels à changer de vie. Faisons-le non pas sous la contrainte, mais dans la joie et le partage : moins de biens, mais plus de liens, pour plus de vie. Une conversion personnelle et collective que nous ne pourrons pas faire si nous comptons sur nos seules forces : « Dieu qui nous appelle à un engagement généreux, et à tout donner, nous offre les forces ainsi que la lumière dont nous avons besoin pour aller de l’avant. Au cœur de ce monde, le Seigneur de la vie qui nous aime tant, continue d’être présent. Il ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seuls, parce qu’il s’est définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver de nouveaux chemins. Loué soit-il. » (Laudato si n° 245).
AMEN
Loïc LAINE, Homélie pour le cinquième dimanche de Carême, 29/03/2020
Le CCFD-Terre Solidaire nous propose une prière à
partager pour ce 5e dimanche de Carême :
Seigneur Dieu,
Tu oses nous confier Ta création,
Tu prends des risques,
Tu te compromets avec nous…
Depuis toujours ta création gémit,
ta création jaillit sans cesse.
Tu nous appelles à changer nos comportements,
à humaniser ce monde que Tu nous offres.
Toi qui espères en l’homme,
donne-nous d’être proches de ces hommes et
de ces femmes qui, dans leurs différences,
ne baissent pas les bras,
se cherchent, inventent, bâtissent un avenir.
Ensemble, par la force de Ton Esprit,
donne-nous d’assumer ces temps difficiles
et d’inviter le monde à Ta Joie.
Donne-nous d’accueillir et d’oser proclamer à
nos contemporains
une Parole d’espérance
qui s’enracine dans ton Fils Jésus,
mort et ressuscité.
Les textes de ce dimanche :
Ezékiel 37, 12-14, Psaume 129, Romains 8, 8-11, Jean 11, 1-45 (Lazare relevé du tombeau)
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.